Tony Estanguet: Les seniors, "forces vives du sport français"

Réservé aux abonnés Publié le 25/03/2024 à 10h40 - Mise à jour le 25/03/2024 à 11h40 par  - Lecture en 5 min Ajouter à votre selection
Tony Estanguet

Cet article est paru dans le magazine Notre Temps , N°652 - Abonnez-vous

Cent ans après les derniers JO de Paris, la France accueillera les athlètes du monde entier du 26 juillet au 11 août et du 28 août au 8 septembre. Tony Estanguet, le président du comité d’organisation partage avec nous son enthousiasme pour les Jeux olympiques et paralympiques d'été.
Tony Estanguet
© Eric Durand

Le 26 juillet, la flamme olympique sera allumée à Paris. À l’approche du jour J, dans quel état d’esprit êtes-vous?

Tony Estanguet: Il y a un mélange d'enthousiasme et d'excitation, car cela fait sept ans que l'on attend ce moment… C'est le projet d'une vie! Pour moi, c'est le plus grand événement collectif que la France ait jamais organisé. Dans l'aventure sont impliqués toutes les fédérations sportives, 55 entreprises nationales partenaires et les acteurs publics – la Ville de Paris, l'État, la Région, le Département et la Métropole. Et toutes les Villes qui organisent des compétitions avec nous. Tout est réuni pour que nous montrions une France qui rayonne. Nous allons accueillir le monde entier, et il faut que les gens se disent: "Waouh! Quel pays que la France!"

En octobre dernier, 65% des Français jugeaient que l’organisation des JO de Paris était "une bonne chose" – ils étaient 77% en 2021… Que dites-vous aux réticents?

Tony Estanguet: Les Jeux olympiques et paralympiques sont des moments uniques pour réunir les gens autour de valeurs fortes. À chaque fois, il y a une fierté nationale qui s'exprime. C'est pour ça que nous avons fait des choix assez inédits, pour la cérémonie d'ouverture et pour les sites de compétitions – le château de Versailles, les pieds de la tour Eiffel, le Grand Palais, les Invalides ou la place de la Concorde! C'est la première fois qu'un événement sportif de cette envergure sort à ce point des stades pour célèbrer le plus beau patrimoine d'un pays! Et nous avons voulu privilégier les infrastructures existantes, à hauteur de 95% pour les équipements de Paris. C'est dix fois moins de constructions que l'édition de Londres en 2012.

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La facture des Jeux dépasse 8 milliards d’euros. 60% des Français s’inquiètent des finances publiques. Vous pouvez les rassurer?

Tony Estanguet: Il faut expliquer le modèle économique des JO. Le comité d'organisation que je préside veille au déroulement de 878 compétitions dans 54 sports. Nous prenons en charge les 10500 athlètes olympiques et les 4 400 athlètes paralympiques: leurs transports, l'hébergement, les repas… Tout cela coûte 4,4 milliards d'euros, financé par de l'argent privé à 96%. Les 4% restants sont des financements publics. À ces 4,4 milliards s'ajoutent les 3,8 milliards des travaux d'infrastructures de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques, chargée de l'aménagement des sites et de la livraison des ouvrages, NDLR), dont 1,7 milliard de subventions publiques. Les équipements construits pour l'événement sont pérennes et seront réutilisés par la population: il y aura 4000 logements, un centre aquatique, des infrastructures de transport…

Les tarifs des billets sont-ils au-dessus de la moyenne de ceux des éditions précédentes?

Tony Estanguet: Nous sommes sur la même grille tarifaire que les derniers Jeux: dès 15€ pour les Jeux paralympiques et 24€ pour les Jeux olympiques. Puis les prix montent, mais pas plus que ceux de Tokyo. Si on applique l'inflation entre 2012 et 2024, nous sommes dans les mêmes ordres de grandeur. La moitié des places est à 50€, 10% sont à plus de 200€, y compris des places à 980€ (pour certaines finales, NDLR). Ceux qui trouvent que les jeux coûtent trop cher doivent savoir qu'on ne peut pas avoir que des places à 24€, car la billetterie compte pour un tiers du budget!

L’objectif de la France est de rentrer dans le top 5 des nations médaillées. Croyez-vous que nous soyons en bonne voie?

Tony Estanguet: Oui! Je crois aux chances des athlètes français. Je les trouve déterminés. Nous sommes médaillables dans beaucoup de sports. L'équipe de France de natation est extrêmement forte. On pense tous à Léon Marchand, mais il y en a d'autres… Je pense aussi au judo et à l'escrime. Il y a également le cyclisme et les sports collectifs qui ont atteint un niveau inédit en 2020. Il faut que les Français soient derrière leurs représentants. Beaucoup vont émerger à l'occasion de ces Jeux. Et c'est valable également pour les athlètes paralympiques. Il y a là aussi une génération de sportifs extraordinaires, avec une équipe de France qui va nous surprendre, des champions qui veulent doubler le nombre de médailles d'or par rapport à Tokyo!

De combien de bénévoles avez-vous besoin?

Tony Estanguet: Nos estimations se montent à 45000 volontaires, et nous avons reçu 312000 candidatures de 150 pays! Nous allons les former à l'accueil des spectateurs et des sportifs, à l'orientation et aux renseignements. C'est très important pour les athlètes. C'est une vraie fierté de voir autant de gens, notamment des seniors, prêts à s'engager dans cette aventure. Je tiens d'ailleurs à les remercier, car nos clubs sont pour la plupart dirigés et animés par eux… Ils constituent en quelque sorte les forces vives du sport français.

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Quels conseils donnez-vous aux seniors qui voudraient se (re)mettre au sport?

Tony Estanguet: Tout d'abord trouver une activité sportive dans laquelle on se fait plaisir. Il y en a pour tous les goûts, en fonction de ses capacités. La marche, la natation, le yoga, des activités collectives ou individuelles, en intérieur ou en extérieur… Dans notre pays, on peut pratiquer beaucoup de disciplines. Il s'agit d'aller à son rythme. Ne serait-ce que de marcher un peu plus, de s'occuper de son jardin, de monter les escaliers… Cela permet de se "ré-athlétiser" et de se remettre en forme pour accéder ensuite peut-être à des temps sportifs plus ambitieux. Il faut y aller progressivement, mais quand même se bouger, se forcer un petit peu pour sortir de sa routine…

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Tony Estanguet: biographie en 7 dates

1978 Naissance à Pau, le 6 mai.

1997 Champion de France de canoé-kayak (+1999, 2000, 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2009).

2000 Champion d'Europe (+2006, 2011) et olympique à Sydney.

2004 Champion olympique à Athènes.

2006 Champion du monde (+2009, 2010).

2012 Champion olympique à Londres. Il devient membre du comité international olympique et annonce sa retraite sportive.

2017 Président du comité d'organisation des JO d'été de 2024 à Paris.

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