"Mon argent et moi": ce que notre rapport à l'argent dit de nous
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Impossible de vivre sans! La plupart d'entre nous consacre (ou a consacré) une partie importante de son existence à gagner de l'argent en travaillant. Pour en faire quoi? Se nourrir, se loger, avoir des loisirs, etc. Acheter une boîte de raviolis ou de caviar dépend évidemment de notre niveau de revenu, mais pas seulement. Il existe aussi une part de choix liée à notre rapport à l'argent. Dis-moi ce que tu en fais, je te dirai qui tu es.
Une relation issue d'un milieu, d'une culture
En France, il reste encore relativement mal vu de parler d'argent. Dire le montant de son salaire paraît impudique, en particulier en cas de revenus élevés. A contrario, aux États-Unis, c'est afficher sa valeur puisque, selon l'American dream, la réussite serait accessible à chacun pour peu qu'il s'en donne le mal. Si vous avez grandi dans une famille où les fins de mois étaient difficiles et où il était constamment question d'argent (à donner, à dépenser, à trouver, à gagner etc.), vous aurez un rapport plus ambivalent à vos finances que si vous n'avez manqué de rien dans une enfance protégée où l'argent était suffisant pour qu'on puisse ne pas en faire un sujet de conversation.
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La volonté de contrôler
"Nous essayons tous de trouver des points de stabilité entre maîtrise et jouissance dans notre vie quotidienne, et notre rapport à l'argent est un excellent révélateur de notre personnalité générale, explique Joseph Agostini, psychologue et psychanalyste, auteur de Je dépense comme je suis (éd. Leduc). Ce rapport à l'argent convoque notre désir de maîtriser ou au contraire de jouir." Il y a ceux qui calculent, gardent et accumulent, avec des gradations. "À une extrémité de la palette, le radin maladif ne peut pas jouir autrement qu'en stockant, en retenant, souligne Joseph Agostini. C'est un obsessionnel qui ne peut s'empêcher de compter pour oublier que sa jouissance, s'il la laissait un peu hors de contrôle, l'amènerait bien loin de sa zone de confort." Du côté du contrôle, se trouve également l'économe, à distinguer néanmoins du radin par sa capacité à profiter des plaisirs de la vie – son souci de "mettre de côté" peut être dédié à cet objectif.
…ou de jouir de son argent
Les dépensiers ont aussi différents profils. Les généreux utilisent leur argent pour gâter leurs proches afin de leur faire plaisir, mais avec parfois une demande inconsciente d'amour. Des personnes en découvert permanent peuvent rechercher dans ce dépassement une autorité ou des limites qui leur ont fait défaut dans l'enfance. "L'ultra dépensier veut correspondre au désir d'autrui en acquérant ce dont l'autre rêve sans se permettre de l'acheter, complète Joseph Agostini. Il souscrit à l'excès à la dialectique capitaliste de consommation. Un objet remplace un autre, aucun ne suffit. L'insatisfaction est chronique." Un travers qui guette nombre de consommateurs que nous sommes.
Alors dépensier ou radin? "Finalement, nous sommes tous plus ou moins un peu des deux, mais certains versent dans des rapports à l'argent maladifs, c'est-à -dire qui nous font souffrir et nous empêchent d'avoir des liens adaptés aux autres, conclut le psychanalyste. La psychothérapie permet de relier notre rapport à l'argent à des expériences primordiales d'angoisse et de jouissance, et d'appréhender nos mécanismes avec plus de nuance."Â
Commentaires
Clare
mam80
Concilier (quand on peut) de se faire plaisir tout en assumant les réalités des dépenses quotidiennes est un bon équilibre. Et si possible un peu d'épargne au cas où...